La commune rurale de Fanandrana, située à 26 km de Toamasina, sur la côte Est de Madagascar dispose officiellement d’une Structure Locale de Concertation (SLC) depuis 2016, un organe destiné à renforcer le dialogue entre les citoyens et les autorités communales. Cependant, cette structure n’a commencé à fonctionner de manière partielle qu’à partir de 2019 Comme en témoigne Mija Xavier, adjoint au maire de la commune :
« Ce n’est qu’à partir de 2019 que les membres de notre SLC ont commencé à participer aux réunions semestrielles d’élaboration du budget primitif et de présentation des réalisations de l’année précédent mais la participation citoyenne reste limitée ».
Mija Xavier, adjoint au maire de la commune Fanandrana.
En effet, bien que la SLC regroupe des représentants des fokontany et de différents secteurs, ses membres peinaient à proposer des idées et à dialoguer avec le bureau exécutif de la commune, freinant ainsi l’implication citoyenne dans le développement communal.
En 2022, l’USAID et le PNUD, avec la collaboration de MSIS-Tatao à travers le Programme RINDRA : Renforcer la Gouvernance à Madagascar est intervenu dans la commune de Fanandrana pour renforcer la participation citoyenne dans le développement local de commune. RINDRA a offert des formations et un accompagnement ciblé aux membres du bureau exécutif de la commune ainsi qu’aux organisations de la société civile, mettant en avant l’importance de l’engagement des citoyens dans la gouvernance locale. En parallèle les citoyens ont été mobilisés pour former des collèges thématiques et désigner des représentants au sein de la SLC. Grâce à ces actions, la SLC est devenue une structure active et fonctionnelle, comptant aujourd’hui quatorze collèges qui abordent divers domaines comme la santé, l’éducation, le sport, la sécurité et les femmes.
En septembre 2023, la commune a sollicité la participation de tous ces collèges pour une réunion de préparation du budget primitif. Le collège des chefs de fokontany a notamment proposé un projet de pirogues, soutenu par le collège de l’éducation, pour équiper les fokontany éloignés d’un moyen de transport sûr. Ce projet a été approuvé par les conseillers communaux. Trois fokontany — Ambosana, Victoria et Mahatsinjo — ont reçu des pirogues aux normes, capables de transporter jusqu’à 15 personnes en toute sécurité. Aujourd’hui, les pirogues permettent aux élèves de traverser gratuitement pour se rendre à l’école, et les habitants et marchands ambulants bénéficient d’un transport sécurisé à des tarifs accessibles (Ariary 500) de 6heures à 19 heures. De plus, elles sont mobilisées pour des urgences, comme les évacuations sanitaires et les funérailles.
Ce projet a non seulement amélioré la vie des habitants, mais a aussi renforcé la cohésion communautaire. La population voit désormais ces pirogues comme un bien commun à préserver, avec une cotisation mensuelle de 7 500 Ar pour leur entretien. Selon Talata Patrick, chef de quartier, cette initiative a permis aux citoyens de s’approprier le projet, renforçant le sentiment d’appartenance et d’engagement communautaire.